Recherche L’Inrae, un mastodonte au service de l’agroécologie
Issu de la fusion entre l’Inra et Irstea, le nouvel institut de recherche fait de la transition agroécologique sa priorité. Un nouveau département consacré à l’eau voit le jour.
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Plus de 12 000 salariés, 18 centres, un budget annuel supérieur à 1 milliard d’euros et le premier rang mondial de la recherche en agronomie et agroalimentaire : les chiffres du nouvel institut de recherche français Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) donnent le tournis.
Issu du rapprochement entre l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) et l’Irstea (Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture), l’Inrae est né le 1er Janvier 2020 après deux ans de concertation et de réorganisation. Les 13 départements de l’Inra et 3 départements de l’Irstea ont donné naissance à 14 départements. « Mais attention, prévient Philippe Mauguin, président-directeur général de l’Inrae, il ne s’agit pas de l’absorption de l’Irstea par l’Inra, même si la différence de taille entre les deux structures pourrait le laisser croire. Dans les faits, les activités des deux instituts étaient complémentaires et non pas redondantes. Les nouveaux départements intègrent donc des chercheurs des deux structures. »
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Des thématiques dans l’air du temps
Du côté de l’orientation, « notre priorité est la transition agroécologique, insiste Philippe Mauguin. Un virage déjà pris par le Cemagref lorsqu’il est devenu l’Irstea. Dans un contexte de dégradation de la planète et d’augmentation de la population mondiale, l’objectif n’est plus d’évaluer l’impact d’une pratique sur l’environnement mais de travailler à la restauration de cet environnement ».
Dans cet esprit, l’Inrae a demandé à toutes ses unités de recherche, ce qui représente 11 000 hectares dans l’Hexagone, de sortir immédiatement du glyphosate. « L’idée est aussi de tester la faisabilité des solutions alternatives, sans idéologie », précise Thierry Caquet, directeur scientifique de l’environnement. « On ne peut pas demander aux agriculteurs de produire la même chose en faisant différemment », insiste le chercheur. Toujours en lien avec les préoccupations du moment, l’un des deux départements consacrés à l’élevage sera affecté à la conception de systèmes d’élevage durable favorisant le bien-être animal.
Un département pour l’eau
L’une des grandes nouveautés est la mise en place du département Aqua, consacré à l’eau et à sa gestion. « L’Irstea travaille depuis toujours sur l’irrigation, les risques naturels liés à l’eau et le traitement des eaux usées, explique Philippe Mauguin. À l’Inra, les recherches s’orientaient plutôt sur l’utilisation de l’eau à l’intérieur de la plante. Nous pourrons désormais couvrir tout le cycle de l’eau depuis ce qui tombe dans la parcelle jusqu’à ce qui arrive sur le littoral. En couplant le petit et le grand cycles de l’eau, nous sommes le premier opérateur public de recherche sur cette ressource. »
Thierry Caquet souhaite aussi mobiliser des chercheurs autour de la thématique stratégique de la réutilisation des eaux usées retraitées.
Forte dilution du machinisme
Et le machinisme agricole dans tout ça ? Activité historique du Cemagref avant sa dilution dans l’agroécologie lors de la création de l’Irstea, il n’a pas de département spécifique au sein de l’Inrae. Pulvérisation, fertilisation ou encore robotique sont réparties dans différents départements. On note toutefois l’arrivée d’un département consacré aux mathématiques, à l’intelligence artificielle et à l’exploitation des données ainsi que la volonté de devenir un partenaire plus visible des start-ups françaises de l’AgTech.
Enfin, Philippe Mauguin et ses directeurs scientifiques s’engagent à « conserver la culture d’ingénieur de l’Irstea, qui pourrait se sentir menacée face au profil plus chercheur de l’Inra ». Pour le reste et notamment les évaluations des nouvelles machines, c’est vers les instituts techniques qu’il faudra se tourner en priorité.
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